L’étude se propose d’analyser l’évolution du style de Louis-Ferdinand Céline à travers différentes problématiques et focales. En pratiquant des analyses textométriques à grande échelle, on peut voir qu’une différence claire apparaît entre le genre pamphlétaire et romanesque. Or, si la question se pose, c’est que le statut esthétique des pamphlets pose problème ; en effet, au-delà du contenu antisémite des pamphlets, c’est toujours à « du Céline » que nous semblons avoir affaire au point de vue stylistique. Il s’agit dès lors de se demander si la saturation antisémite et le déplacement générique a une influence sur la stylistique célinienne. Si à différents genres correspond une écriture et un style différent, c’est la valeur esthétique des pamphlets qui doit être interrogée. Est-ce qu’une telle différence peut-être quantifiée ? C’est un des sujets de cette étude. Mais, une fois cette différence établie, la question se pose de savoir si des phénomènes de contamination peuvent apparaître et si l’écriture romanesque ou pamphlétaire ne surgit pas d’un genre à un autre de façon ponctuelle. Les algorithmes d’apprentissage supervisé développés pour l’analyse des textes peuvent nous permettre de répondre à ces questions. Enfin, cette interrogation sur l’évolution du style de Céline nous invite à nous intéresser sur le fait essentiel de cette évolution : la segmentation du discours par un usage particulier de la ponctuation suspensive produisant des effets multiples au niveau syntaxique, sémantique et énonciatif. En variant les focales - lecture distante, proche et méthode mixte -, ce mémoire se propose d’analyser ces questions en croisant les outils développés par les humanités numériques et les méthodes stylistiques traditionnelles d’analyse du texte.